Thèse

Le projet robotique : approche ontologique du problème de la naturalisation de l'esprit

Discipline : Psychologie
Ecole doctorale : ED488 EPIC (Science de l'Éducation - Information et Communication - Psychologie)
Directeur de thése : Professeur Robert Martin
Section CNU : 16 - Psychologie, psychologie clinie et sociologie
Equipe de recherche : LEACM, Laboratoire d'Etudes et d'Analyse de la Cognition et des Modèles

Date & lieu de soutenance : Vendredi 7 septembre 2007, 14h salle Marc Bloch (Institut des Sciences de l'Homme)
Mention : Très honorable

Composition du jury :

Pr Robert Martin (Directeur de thèse), Université Lyon2 Pr Bernard Cadet (Rapporteur), Université de Caen
Pr Jean-Paul Delahaye (Rapporteur), Université Lille 1 Pr Claude Bastien, Université Aix-Marseille 1
Pr Alain Bonnafous, , Université Lyon2 Pr Louis Frècon, INSA de Lyon
Pr Jean-Claude Rabier, , Université Lyon2 Pr Alain-Marc Rieu, Université Lyon3

Résume :
Le problème de la naturalisation de l'esprit consiste à déterminer si l'esprit peut-être expliqué dans les termes d'un langage emprunté à la physique, la biologie, la chimie, l'informatique, les neurosciences,... Naturaliser l'esprit semble au premier abord la seule façon de résoudre le paradoxe qu'impose l'argument de la clôture causale à la psychologie ; comment dans un monde a priori physique peut-il y avoir des états mentaux comme des croyances, des émotions,... qui sont non physiques, mais qui ont une efficacité causale sur le monde physique ?

Si nous acceptons la psychologie comme une discipline à ne pas éliminer au profit des neurosciences, et si parallèlement nous acceptons la pertinence des neurosciences à expliquer l'esprit, nous ne pouvons qu'admettre une forme de dualisme, que nous nommons dualisme explicatif ou dualisme des lois. Dans ce cadre, il nous faut donc résoudre la question suivante : comment peut-on passer d'un système matériel à une forme d'esprit, c'est-à-dire comment peut-il exister dans un monde physique, des phénomènes mentaux ?

La robotique et les machines sont à ce titre, un cadre de travail intéressant. En effet, ce sont des systèmes matériels dans lesquels on aimerait produire une forme d'intelligence comparable du moins sur le plan des performances cognitives à l'homme. Notre approche sera ontologique, car nous allons nous intéresser aux conditions d'existence de ces systèmes et non à leur finalité. Nous remarquons que l'ontologie des machines a évolué : nous sommes passés d'une vision mécanique (automate), à des machines logiques (ordinateur) et prochainement à des machines dites naturelles (neurocomputeur, machine moléculaire, ordinateur quantique,...). Implicitement, le recours à la machine comme modèle explicatif de l'homme est passé d'une hypothèse matérialiste (thèse de l'Homme-Machine), à une hypothèse fonctionnelle (thèse de l'Homme-Ordinateur) et actuellement à une hypothèse biologique de l'homme (thèse de l'Homme-Neuronal).

L'apparition des machines dites naturelles, en particulier des neurocomputeurs, donne un nouveau sens aux tentatives de réduction de l'esprit sur le matériel. Supposons qu'il existe un neurocomputeur, ou un neurorobot, pourra-t-on dire qu'il possède des états mentaux ? C'est-à-dire, est-ce que l'emploi de composant dit naturel suffit à expliquer l'esprit ? Si on accepte la thèse de l'identité, on pourrait répondre par l'affirmative. Le problème de cette thèse est qu'elle recourt à une forme affaiblie de l'argument du divin et donc elle ne peut expliquer pourquoi on observe que l'homme a une psychologie. À l'opposé, les arguments anti-réductionnistes peuvent être aussi tous réfutés au nom du principe de la clôture causale du monde physique (un phénomène physique ne peut avoir qu'une cause physique, i.e. si je lève le bras pour prendre un stylo, la cause de ce mouvement ne peut qu'être due à l'activité d'un réseau de neurones et pas à une intention).

La seule position qui nous semble soutenable est celle de l'anature de l'esprit, c'est-à-dire d'une rupture qualitative entre le monde biologie et celui de la psychologie, d'une séparation entre des lois matérialistes et des lois psychologiques. Pour prouver ce concept, nous montrons qu'il existe une forme particulière de machine (les antimachines ou machines polymorphes), qui tout en étant basée sur des réseaux de neurones, produit une forme de physique particulière. C'est-à-dire que nous admettons que la thèse de la Machine-Esprit peut résoudre le problème de la naturalisation de l'esprit, mais en étant seulement un modèle explicatif des circonstances déterminantes de l'esprit et uniquement cela (ce n'est donc pas une tentative de réduction de la psychologie sur des lois machinales).

Finalement, nous proposons de ne pas naturaliser l'esprit dans le cadre des modèles explicatifs actuels, mais de naturaliser l'esprit dans une forme nouvelle de physique. Nous admettons ainsi que l'esprit serait une structure idéaliste ayant émergé dans notre univers.

Mots clés : ontologie, cognition, robotique autonome, machine, théorie de l'esprit, dualisme, idéalisme, matérialisme, clôture causal, héritage causal, neurocomputeur, natural computing, ordinateur polymorphe, antimachine, hypothèse de Mach, anature, anti-réductionisme, argument de la généralisation,


Sommaire :

Avant propos : naturaliser l'esprit
Premiere partie : robotique et ontologie
	Chapitre 1 : le projet robotique
		1. Le projet robotique : quelques éléments sur son origine
		2. Le projet robotique : son intérêt pour la psychologie
		3. Conclusion
	Chapitre 2 : approche ontologique
		1. Ontologie et cadre de référence.
		2. Essai d'ontologie descriptive
		3. Essai d'ontologie substantielle
		4. Correspondance triviale entre l'ontologie d'un robot et des concepts psychologiques
		5. Conclusion & hypothèse de travail
Deuxieme partie : naturaliser l'esprit ou naturaliser la machine ?
	Chapitre 3 : les theories de l'esprit
		1. La robotique implique une théorie de l'esprit
		2. Les théories de l'esprit
		3. La machine comme théorie de l'Esprit
	Chapitre 4 : les modele de la machine
		1. Introduction à l'informatique théorique
		2. La notion de calculabilité
		3. Principaux concepts
		4. L'Homme-Machine : échelle de complexité du problème
	Chapitre 5 : naturaliser la machine
		1. Introduction
		2. Variations autour de Von Neumann
		3. Les modèles non-conventionnels
		4. La thèse transcendantale de l'esprit
Troisieme partie : ne pas naturaliser l'esprit
	Chapitre 6 : ontologie cognitive
		1. Le problème de la clôture causale
		2. L'anature de l'esprit
		3. La conjoncture d'Asimov
	Chapitre 7 : un autre esprit
		1. Cadre de référence
		2. Réduction matérialiste
		3. Inscription morphologique
		4. Héritage causal
		5. Critères et objections
Bibliographie

© 2011/2013 - Gérald Foliot